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En cet exemple, on comprend même le pourquoi de la loi, car l’opération qui forme 13 (12 + 1) nous est connue ; elle ne peut être autre. Kant disait que l’entendement est par lui-même une législation de la nature. Certes cela est difficile à entendre ; mais par les nombre on l’entendra assez bien. Maintenant il faut dire qu’un esprit faible ne forme pas de nombres, mais seulement des mots et du vent (flatus vocis). Traiter de l’induction, c’est décrire l’entendement. On n’ose aller jusqu’à dire que, sans lois, les sens eux-mêmes ne saisiraient rien. Et pourtant, il esc clair, par l’exemple du bleu, qu’on ne peut voir un objet bleu sans supposer une loi de cet objet qui y attache cette couleur.

CHAPITRE XII

DES CAUSES

Problème surchargé, et terme ambigu. On entend par cause tantôt une personne, comme dans l’histoire ou dans les procès criminels, tantôt une chose. Et, si c’est une personne, on entend bien, en disant qu’elle est cause, qu’elle commence quelque chose dont par la suite elle répondra, en sorte qu’il s’agit bien ici de la cause dernière, dont il sera traité sous le nom de libre vouloir. Si c’est une chose, ou un état des choses, qui en détermine un autre après lui, on entend bien, au contraire, que cette chose ou cet état des choses est à son tour déterminé par un état antécédent, toute cause étant aussi effet et l’effet étant aussi cause, comme par exemple, dans une traînée de poudre, chaque grain en brûlant est cause que le suivant s’enflamme. Et ce sont là des causes secondes, comme on dit. On voit