Page:Alain - Éléments de philosophie, 1941.djvu/225

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sion diffuse, avec transformation pour une petite partie en chaleur, pour le principal en mouvement. Ce mouvement est un changement de la forme fuselée en la forme arrondie, changement que l’on appelle contraction. Sans que l’on connaisse le mécanisme intime de cette décomposition explosive, on peut déjà écrire que l’énergie retrouvée en chaleur et mouvement ne dépasse jamais le travail accumulé que représentent, aux yeux du chimiste, les aliments et les éléments musculaires qui s’en sont nourris. L’occasion de cette décharge est, soit dans une excitation extérieure directe, soit dans l’action d’un courant ou d’une traînée de réactions chimiques, comme on voudra dire, qui se transmet le long d’un nerf. Un animal, considéré comme moteur de lui-même, se compose, chez les vivants les plus parfaits, d’une carcasse à articulations, interne ou externe, sur laquelle sont attachés des muscles extenseurs et fléchisseurs ; et les nerfs font communiquer toutes les parties motrices entre elles par des centres subordonnés et enfin par un centre principal qu’on nomme cerveau. Le détail est fort compliqué. Ajoutons, pour compléter l’esquisse, les organes des sens qui sont des parties plus sensibles que d’autres aux faibles actions du milieu extérieur.

Si l’on se délivre maintenant, par précaution de méthode, de l’idée d’un pilote logé au centre principal, recevant des messages et envoyant aux muscles des instructions, il reste un moteur à explosions, fort compliqué et capable d’une grande variété de mouvements. Ces mouvements sont limités par l’armature articulée, par l’action de la pesanteur, par la puissance des muscles antagonistes ; et cette puissance elle-même dépend du travail immédiatement antérieur, de l’élimination des déchets, et de la nutrition ordinaire, laquelle est excitée, ainsi que l’élimination, par le mouvement