que ces illusions que l’on se donne à volonté, en pensant telle ou telle forme du mouvement ; ainsi, quand on fait tourner un tire-bouchon, on perçoit une translation selon l’axe, sans rotation, si l’on veut ; ou, encore, on peut changer dans l’apparence, le sens de la rotation d’un moulin à vent ou d’un anémomètre, pourvu que l’on décide d’orienter l’axe autrement. Ainsi un autre choix de points fixes fait naître un autre mouvement. La notion du mouvement relatif apparaît ainsi dans la connaissance sans paroles.
Ce n’est pas peu d’avoir compris que la relativité est de l’essence du mouvement, et même dans la perception la plus commune. Mais l’occasion est bonne d’épuiser tous les paradoxes sur le mouvement, sans oublier Zénon d’Élée. Où est l’idée ? En ceci que le mouvement est toujours de forme ; le mouvement est la forme du changement. Tel est le principe de cette précaution de méthode que l’on nomme le mécanisme. Ce qui est à comprendre ici, c’est que le mouvement n’est jamais une donnée, mais au contraire toujours un système monté pour nous représenter le changement. Cela paraîtra aisément dans l’exemple d’un ballon que je vois diminuer à mes yeux, ce que je traduis en disant qu’il s’éloigne, ce que je perçois en traçant une ligne qui s’en va de moi à lui et qui grandit d’instant en instant. Le mouvement sur cette ligne n’est nullement perçu. Ce qui est perçu c’est un globe qui se rétrécit. Tous les mouvements, si l’on y fait attention, sont ainsi. On en trouve des exemples dans ce chapitre, et l’analyse en est assez poussée pour que l’on puisse répondre à Zénon. Répondre quoi ? D’abord qu’il est vrai en effet que la flèche ne se meut pas par elle-même. Et en effet son mouvement se rapporte à des objets extérieurs. Le mouvement n’est jamais inhérent à aucune chose ; il n’y peut tenir ni y adhérer.