pour surfaces ces couleurs miroitantes. Croyez-vous que ce paysage, que vous voulez étaler sur un plan, dessine par lui-même un plan, j’entends par ses couleurs riches ou pauvres, plaisantes ou tristes à voir ? Pour vous détourner de cette illusion, je vous fais remarquer seulement que ce plan n’a de sens que par une profondeur qui vous sépare de lui. Et quant aux surfaces qui se présentent obliquement, et que vous redressez en pensée, comme celle de cet étang, ou bien la courbe de cette côte, donnant ainsi un sens et une place à chaque chose, pensant la vérité dans l’apparence, et comprenant l’apparence dans ces formes rigoureuses, c’est encore plus évident. Quant aux volumes, ils sont toujours devinés, posés, pensés, car on n’y entre point, sinon en les divisant, en découvrant et devinant d’autres surfaces, et d’autres volumes derrière.
Revenons maintenant à notre dé cubique qui, sans doute, vous instruira mieux. Chacun peut savoir ce que c’est qu’un cube, par des définitions, arêtes égales, angles égaux, faces égales. Mais nul ne voit le cube ainsi ; nul ne le touche ainsi. Se représenter la forme de ce dé cubique, c’est maintenir et affirmer dans l’expérience cette forme qu’aucune expérience ne fait voir ni toucher ; bien mieux, c’est expliquer toutes les apparences, les perspectives et jusqu’aux ombres portées, par d’autres positions de directions et de distances où la science apparaît déjà. Mais dessinez divers aspects de ce cube et admirez comme vous reconnaissez la même forme. Faites mieux. Dessinez le cube avec toutes ses arêtes visibles, comme s’il était fait de tringles de fer, et exercez-vous à le penser sous deux aspects, tantôt vu d’un côté et par-dessus, tantôt vu de l’autre côté et par-dessous ; vous verrez l’apparence prendre forme et sens au commandement. Il n’est peut-être pas d’expé-