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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/151

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

cerclement. Tout se traduisant par des opinions et des formules collectives, la vraie opinion, l’opinion commune et solitaire, risquait d’être enfin méprisée ; les groupes politiques prenaient le pouvoir et expliquaient au peuple ce que le peuple devait penser ; opération en vérité magique et qui réussit souvent ; car l’opinion individuelle est naturellement timide, lente à s’exprimer, prompte à se taire devant un accord d’apparence, presque unanime. Mais je crois pouvoir dire que l’opinion, en notre pays, vaincra ce système politique, le plus rusé qui soit, par une obstination étonnante. Ainsi dans le temps même où il est évident que partout les hommes d’affaires se haussent à la politique, nous en sommes encore et toujours à vouloir séparer la Politique et la Finance, et à honorer quelque chef pauvre qui ne fait partie d’aucun conseil d’administration. Ce chef, la situation nous le refuse encore ; et les grands Politiques se moquent ; mais il faudra pourtant bien que le veston râpé du Radical soit finalement le maître ; maître détesté et méprisé, si l’on en croit l’élite académique et l’élite ploutocratique, mais enfin le maître, ou pour mieux dire l’invincible Arbitre, avec son bâton blanc dans sa giberne, mal payé et imperturbable.

Je n’ai jamais conseillé à personneCOMMENT TOUTES.
OPINIONS SONT BONNES, 

Je n’ai jamais conseillé à personne de changer d’opinion. Non plus de changer ses yeux pour d’autres ; mais apprenez à vous en servir. De même pour vos opinions, rendez-les bonnes. Non pas cherchant des opinions étrangères, jusqu’à ce que

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