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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/167

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Cette Paix qui ne donne point de fruits LE DROIT SE RETIRE
DE LA PAIX

Cette Paix qui ne donne point de fruits est comme l’épreuve du célèbre chapitre de Jean-Jacques, sur le Droit du plus fort. En cet immense objet où l’attention de tous se trouve portée, on voit jusqu’au détail comment l’obligation née de la force cesse d’agir aussitôt que la force se relâche. On peut observer la même chose à la caserne, où les balais s’arrêtent dès que l’adjudant a tourné le dos. La contrainte délie de la bonne foi. Les écoliers connaissent aussi ce jeu ; car ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, ils l’essaient toujours ; et comme disait un vieux praticien de discipline, le terrain qu’on leur laisse, ils l’occupent aussitôt. C’est dire que la force

qui n’agit point est aussitôt comme nulle. Enfin c’est folie de vouloir obtenir par la contrainte que l’on nous paie volontairement. Celui qui cède à la force est en vérité comme une masse gazeuse sous le piston ; dès que la pression ne s’exerce plus, le piston est ramené à la position initiale. C’est pourquoi le traité est à refaire tous les matins ; on le refait, avec des pré-

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