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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/177

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RÉPARER LES RÉPARATIONS

rais qu’alarmes, complications, dangers évidents. Et, quoique beaucoup pensent comme moi, je n’aperçois pas maintenant de remède. »

« Tout cela, lui dis-je, est justement ce que vous avez voulu. Il fallait s’y prendre de loin. L’expérience politique a fait voir plus d’une fois que le parti violent finit toujours par l’emporter dès qu’il n’est pas clairement réduit à l’impuissance, publiquement et souvent. La modération, mon cher, est un état qui veut des sacrifices, et un parti bien pris. Vous lisez le Temps ; vous payez le Temps, et le Temps parle en votre nom. Quelques milliers d’abstentions l’auraient promptement ramené. Ce politique imprudent, soit qu’il n’ait rien prévu, soit qu’il vous ait trompé, c’est vous qui l’avez porté et protégé. Nous autres, par un instinct sûr, nous voulions mettre au jour tout ce qui pouvait lui enlever crédit et puissance. Et remarquez-le, ce n’était pas difficile ; il était, comme on dit, sur le tranchant du sabre. Impopulaire, évidemment, pendant toute la guerre et encore plus vers la fin. Il suffisait d’une campagne un peu suivie, et en vérité d’une Publicité, comme on dit, un peu organisée, pour avertir la masse insouciante des citoyens. Mais vous haussiez les épaules. Ce qu’on pouvait dire de vrai sur le parti de la guerre en France vous semblait de peu, et byzantin. Peut-être même comptiez-vous ce que cela nous pourrait coûter en marks-or. Eh bien, comptez maintenant.

« Vous dites que beaucoup de citoyens pensent comme vous. En vérité je n’en sais rien. Ou bien alors c’est qu’ils suivaient comme vous cette belle politique, qui consiste à ne rien dire et à lire Le Temps, ou quelque autre feuille occupée par le Parti

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