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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/23

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INTRODUCTION

droit et l’autorité du souverain, c’est-à-dire pour la paix de l’État, peut dire et enseigner ce qu’il pense : c’est à la condition qu’il laisse au souverain le droit de décréter sur toutes actions, et s’abstienne d’en accomplir aucune contre ce décret, même s’il lui faut souvent agir en opposition avec ce qu’il juge et professe qui est bon. »

Lorsqu’il arrive aux règles et aux applications de l’action politique, Alain, soumis par principe au gouvernement, à la Police (si l’on veut rendre à ce mot toute son étendue), distingue encore ce qui dans nos institutions vient de la guerre, produit l’absolutisme et retourne toujours à la guerre, et l’esprit d’égalité et de coopération, qui vient de la paix et mène à la paix. Si le pouvoir peut être réduit à la puissance matérielle et à l’obéissance indifférente par la seule critique de l’opinion, le maintien de la paix peut arriver à réduire la puissance matérielle des pouvoirs.

Ce qu’Alain pense de la guerre, il l’a dit dans Mars ou la Guerre jugée, et le succès médiocre de ce livre montrerait dans le public tant de sottise et de paresse, que nous ne pouvons pas croire définitive cette quasi indifférence. Ce livre doit repartir : l’action immense qu’il doit avoir ne peut pas rester indirecte, ne s’exercer que par les écrivains d’entre ses lecteurs. Et c’est pourquoi nous ne pouvions ici ni le commenter, ni le répéter.

Examinons ici plutôt ce qu’il pense de la paix : sur aucun point il n’est plus loin des passions politiques et des opinions communes. Pour lui l’idée de la « Paix par le droit » que suivent naïvement la plupart des pacifistes, est fausse et dangereuse. Le droit

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