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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/28

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INTRODUCTION

services d’État sont déficitaires. Au lieu de réclamer contre l’exploitation d’État, Alain, par-delà les administrateurs sans responsabilité financière, accuse les citoyens et la mollesse de l’esprit public. Qu’ils s’habituent à traiter ces affaires comme les leurs propres, à plaindre la dépense à chaque occasion, et ils seront servis à meilleur compte.

Ces idées, ingénieuses dans l’application, mais si simples dans le principe, on pourra les reconnaître pour vraies, mais elles ne sont pas assez agréables pour devenir jamais populaires. Et Alain s’est trop refusé aux prestiges de l’éloquence, sa prose vive et serrée n’est pas assez complaisante aux esprits paresseux, pour qu’il soit jamais mis à sa vraie place. Beaucoup de ses idées commencent à réussir par des disciples ou des emprunteurs qui ne le citent pas toujours : si l’on peut en faire le bilan exact, la somme des influences qu’il aura exercées étonnera dans vingt ans. J’aurais voulu qu’au moins cette fois-ci, il fût directement connu, qu’il gagnât les quelques milliers de lecteurs sur lesquels il doit pouvoir compter. Que les imperfections de ce recueil me soient imputées tout entières ; j’ai fait selon mes forces. Je ne prétends pas payer une dette, mais la reconnaître seulement ; mes dettes envers Alain sont trop grandes pour que je puisse les acquitter jamais, mon amitié trop forte pour que je souhaite d’être quitte envers lui.

J. PRÉVOST