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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/75

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LA GUERRE NAÎT DES PASSIONS

garder une ombre de pouvoir. Ainsi tenons ferme contre le Cléricalisme et contre le Capitalisme en faisant taire l’esprit de subtilité et d’ironie. La paix vaut bien cela. »

Il n’est pas utile de dépeindre le choléraLA GUERRE EST LA
MESSE DE L’HOMME.

Il n’est pas utile de dépeindre le choléra sous les plus sombres couleurs ; mais il est utile de savoir ce que c’est. De même pour la guerre. Une grande peur ou une grande horreur n’y remédient nullement ; une exacte connaissance de la chose est seule utile. Et, en vue de diriger les réflexions de chacun, je rédige le présent Sommaire.

La violence n’est nullement la guerre. Un soldat ne ressemble pas du tout à un bandit qui tue pour s’enrichir. L’idée d’acquérir par la guerre est accessoire et de faible importance ; elle n’aurait aucune puissance sur des hommes qui n’ont jamais pensé à tuer pour voler, comme sont la plupart des citoyens soldats.

La guerre n’est nullement la violence. La violence y survient comme épisode ; mais c’est justement ce qui répugne le plus à ceux qui font la guerre. Et l’ensemble de la guerre est ordonné selon l’obéissance, non selon la violence ; sans haine, sans colère, sans esprit de vengeance.

La guerre est de religion, et de cérémonie. C’est la Messe de l’Homme, ou la célébration de ce qui est propre à l’homme ; car les animaux les plus féroces songent d’abord à préserver leur vie. Dès que l’Homme doute du courage de l’Homme, la guerre est attendue. Elle est même espérée naturellement

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