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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/81

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LES HYPOCRISIES DE LA GUERRE.

De courageux pamphlétaires ont mis au COMMENT L’ON VOIT
LA GUERRE EN BEAU.

De courageux pamphlétaires ont mis au grand jour l’atroce récit, déjà connu de beaucoup, d’un général qui, en punition d’une attaque manquée, donna l’ordre à son artillerie de tirer sur son infanterie ; et autres horreurs. De tels récits ne sont pas utilisables ; et si l’on compte sur eux pour gagner un point dans une lutte difficile, on se trompe. L’excès même du tragique détourne de croire. N’oublions pas que les dehors de la guerre sont pour relever l’âme et la consoler ; tous les lieux communs visent là. Ceux qui ont su voir la guerre en son vrai visage, et non en son masque, ne sont point le nombre. Les autres ont pris parti de voir la chose en beau. L’inhumain, qui est pour les autres une raison de croire, sera pour eux une raison de ne pas croire. C’est sur les ressorts les plus communs de l’institution qu’il faut instruire, et non sur l’événement. Encore plus faut-il se garder de détourner l’indignation en accusant un homme ou un autre. Et c’est un assez fort paradoxe, et qu’il faut conserver en tout son relief,

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