Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/137

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faible, lâche et mal armé ; c’est comme si l’on aimait mieux croire que le fleuve est guéable. Le fleuve répond ; l’ennemi répond. On l’a trop dit. Nul ne porte assez haut l’idée d’enfance, que le courage suffit à tout. Car ce n’est pas vrai sans doute, mais il est profondément vrai que toutes les ressources et mesures sont inutiles sans le courage. Et nous connaissons trop le pouvoir de faire des plans raisonnables, et d’en rester là ; ce pouvoir mesure l’âge. Le courage finit avant la force, et cette funeste avance est d’imagination, parce que l’imagination veut une autre force que celle qui appuie sur l’outil. L’homme meurt sur l’outil, et cela est dit travail. L’enfance heureuse n’est pas déformée par le monde dans le précieux temps de croissance ; et l’idée d’enfant, non plus. Il est bon que tout soit facile à l’enfance, et même penser selon soi. Tout l’idéal vient d’enfance, et s’use à vieillir.

Il est profondément vrai que le mal de