Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/151

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panthéisme naïf, où le dieu Tout se change en une poussière de dieux. Vint ensuite, en notre Occident, qui me suffit, la religion Olympienne, où je vois que la forme humaine est la seule adorée, et où le monde est gouverné comme un royaume. J’appellerai religion politique cette religion des conquérants ; je l’appellerai aussi bien religion urbaine par opposition à la première, qui évidemment est agreste. Et quant à la troisième, qui est devenue non moins populaire en notre promontoire d’Europe, sous le nom de Christianisme, je ne puis m’y tromper, d’après les nouvelles valeurs qu’elle nous enseigne, et je la nommerai la religion de l’Esprit. Et je n’en vois point d’autre. Telles sont, en fait, les étapes de l’homme.

Mais plutôt, veux-je dire, ce sont les étages de l’homme. Il nous faut simplifier beaucoup, car, par trop de détails, tout se mêle. L’homme est ventre, ce qui est désir et peur ; l’homme est poitrine, ce qui est