Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/153

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vaille, afin de revenir à une histoire plus géographique, et à une géographie plus géologique, comme on a fait déjà pour les choses inanimées. Cette autre géologie expliquera donc les religions par la structure de l’homme, autant que faire se peut, et devrait nous apprendre, d’un côté à les faire toutes vivre ensemble, et, de l’autre, à dessiner, à l’état de pureté, les plus hautes valeurs connues.

En quoi je ferai bien attention de conserver la religion comme telle, me fondant toujours sur ce qui a été dit et raconté et prêché. Un canonnier me demandait un jour ce que je pensais des religions ; il était pieux ; et il voyait bien que je ne l’étais guère. Je lui fis une réponse de premier élan, et qui me paraît encore bonne : “La religion, lui dis-je, est un conte, qui, comme tous les contes, est plein de sens. Et l’on ne demande point si un conte est vrai.” Je n’ai pas fini de gratter cette première écorce. On voit pourquoi j’ai commencé