Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/178

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paisible regard de l’anémone et de la violette. Aussi dans ces oiseaux gracieux, merle, coucou, loriot, rossignol, qui nous font part du printemps. Le canard, la grue, l’hirondelle écrivent leurs signes dans le ciel. Nos poules pondent déjà dans le froid, et les premiers nids sont toujours avant nos pensées de nid. Ce joyeux ménage des plantes et des animaux nous est divin, c’est-à-dire devin. Aussi l’idée de chercher l’avenir au vol des oiseaux est aussi ancienne que l’homme. Outre cela, la prudence quotidienne des bêtes, qui se voit dans leurs travaux et dans leurs moindres actions, conduit à l’idée d’une autre sagesse bien plus simple que la nôtre, et qui éclairera par la suite le dessous de la nôtre. Tels sont les animaux vus de loin.

L’animal n’est pas spectacle ; il chasse pour son compte ; lui-même est nourriture. Son sang ressemble à notre sang. Ces rapports violents obscurcissent la nature. Ils nous saisissent plus fort dans l’animal