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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/20

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Remarquez que je pouvais m’en prendre au jugement ; je suis bien loin de mépriser ce genre de recherches, qui est seulement fort difficile, et évidemment sans objet. Mais c’était manquer encore une fois l’imagination. Car il est clair que si je ne vois pas l’apparence de la lune plus grande à l’horizon qu’au zénith, du moins je crois la voir telle, et de tout mon cœur. Est-ce donc surprise, étonnement, peut-être frayeur, à rencontrer ce pâle visage parmi des toits et des cheminées ? J’en suis persuadé. Qu’on me pardonne si je parcours longuement des exemples tout à fait ordinaires. Le sens de cette lune à l’horizon, que l’on croit voir plus grosse, et qu’on ne voit pas plus grosse, est quelque chose que je n’ai pu faire entendre encore à personne. Tous se rebutent, et quelques-uns s’irritent, peut-être par la perspective d’un grand changement en de grandes questions. J’ai maintenant tout le loisir désirable, et je compte aussi sur une foule d’autres raisons, bien