Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/299

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images mettent donc en place toutes nos pensées et les règlent premièrement et toujours. Car l’esprit sait en tous les temps que ses flèches si bien lancées ne font rien à Jupiter, ni à Mercure, qui ne sont tous deux que messagers. Les pouvoirs sont les mêmes, et les marchés sont les mêmes. Et les dieux sont bien à l’image de l’homme. Car les attributs, les divisions, et les étages de l’Olympe représentent les invincibles relations dont il faut que l’homme s’arrange et prenne son parti. Et la précaution de l’homme contre l’homme se retrouve même aux Enfers. Car Minos, Éaque, et Rhadamante, ces arbitres sans recours, sont bien d’anciens rois, mais qui n’ont pas été élevés au rang des dieux. On demande justice aux dieux, qui ne la donnent point ; on ne la demande point à l’homme, parce qu’on sait qu’il la donnera. Ces images populaires ont suffi à Platon ; il n’a fait que les regarder, et très scrupuleux à n’y rien changer. Ce qui, faites-y