décret. Tout est présage. Certes toutes les cérémonies et tous les sacrifices se font comme ils se firent toujours ; mais tout le culte est marqué d’indignité et d’insuffisance. L’idolâtrie se sait fausse. Le psaume seul trouve grâce, par l’immolation des pensées. Les faux dieux sont immolés ; les métaphores sont immolées ; il reste le vide du désert et la formidable absence, partout présente. Devant quoi il n’y a de vertu que l’obéissance, et toutes les fautes sont égales. Le seul crime est d’oublier que l’homme n’est rien devant l’Éternel. Cette vue explique un genre de pardon et un genre de sévérité que l’homme ne peut comprendre, mais qui sonne pourtant vrai, car toute valeur est d’esprit. Tout esprit fini étant insuffisant, il faut s’humilier par la propre grandeur que l’on connaît de soi. Reproché par sa piété même, l’homme comprend certes que c’est un grand crime d’ignorer le vrai dieu ; mais il comprend bien plus ; il comprend
Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/328
Apparence