Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/334

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serait dans l’entendement infini de Dieu. On sait de reste qu’une telle nécessité, qu’on dit bien absolue, est hors de nos prises, et cela est de consentement. Mais nos suites d’esprit et nos combinaisons bien ordonnées, comme sont les nombres, sont une sorte d’image de Dieu pensant. Un retour biblique de la réflexion marquera encore d’ironie nos conventions préliminaires avec nous-mêmes ; toutefois cet exercice, de combiner sans croire, est un genre d’intelligence qu’il est permis de suivre, pourvu qu’on le méprise. Et l’esprit biblique, formé d’ailleurs à ce jeu par les affaires qui sont des ordres de Dieu aussi, garde une avance étonnante sur d’autres pensées plus rustiques, qui se mêlent encore d’être justes et d’usurper sur Dieu. L’entendement est juif, et déploie dans l’abstrait ses aptitudes théâtrales, faisant jouer les apparences de la raison, à l’ébahissement des paysans, venus à la ville pour quelque foire. S’il se