tel arbre ou de manger tel fruit ou tel animal ; je connais ma faute par la punition ; c’est ainsi que je m’instruis, si je puis ainsi dire. Sous le régime de César, le châtiment est public et politique ; il veut être compris, et même du criminel. On dit très bien raison d’État, et non pas seulement force d’État. C’est pourquoi on attend l’aveu, d’après l’idée que le châtiment serait vain si le coupable ne reconnaissait nullement ce qu’il a fait et même ce qu’il a voulu. Une prétention du tyran est d’avoir raison, et il n’y a donc point de tyran parfait. Ce qui s’accomplit, dans le châtiment politique, c’est bien, comme dit Hegel, la volonté même du coupable, comme d’être volé s’il vole, ou d’être tué s’il tue, ou de craindre s’il fait craindre. Le châtiment est donc d’esprit, comme la politique est d’esprit. Mais, par ce besoin même de justice, l’aveu est forcé. Naïvement forcé par des supplices, ou forcé par des embûches d’esprit. L’abus de la force
Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/380
Apparence