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LE MENTEUR

Dieu, c’est-à-dire selon l’Esprit ; et c’est ainsi qu’il a décidé sur la matière, sur le mouvement, sur le choc, sur l’étendue et l’espace et sur le temps. D’où est sorti le Spinozisme, qui est, comme vous le savez, une grande chose. Kant, par les mêmes moyens d’investigation, a découvert cet axiome que deux temps différents sont nécessairement successifs, et que l’espace n’a point de limite. Amusons-nous à cet exemple. Que l’espace ait une limite, cela suppose qu’il y ait un lieu sans espace. On voit paraître ici une autre logique, que Kant appelle la logique transcendantale, et qui découvre notamment que toute proposition vraie est analytique ; ce que Leibniz a mis sous cette forme : dans une proposition vraie l’attribut est contenu dans le sujet. En voilà bien assez ; nous sommes en plein kantisme ; nous sommes au centre ; car ce qui fondera les principes des sciences de la nature, c’est que l’unité du Je pense ne peut jamais être rompue. Ce qui donnera toute valeur à ce beau titre de chapitre : déduction des principes. Ainsi ce penseur s’avance en souverain, et, réveillé, comme il le dit, par Hume, « de