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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/126

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MINERVE OU DE LA SAGESSE

nité qui fera la paix. Et besoin est de se relever au-dessus de la puissance. Besoin est de réveiller l’homme.

Pour finir, je vois que le problème se pose entre soi et soi. Il s’agit de savoir si, de soi à soi, on pensera en homme. Car en somme je suis fraternel à moi comme je le suis au prochain. Je me fie à moi comme je me fie au prochain. Le misanthrope ne se fie à rien ni à personne ; il croit que nous vivons tous des vies d’animaux. Aussi n’ouvre-t-il crédit à aucune forme d’homme. Peut-être la guerre est-elle un soulagement pour ces natures malheureuses. Au contraire il faut aimer par préjugé, et approuver par préjugé. Il faut jurer de l’homme, et porter légèrement les déceptions. L’optimisme finit par se communiquer, et revenir à nous, créant l’atmosphère de paix. C’est ainsi que l’on forme les grands moments de l’histoire.

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