deux formes je reconnais une même supposition, qui est que, si on savait tout, on pourrait prévoir à coup sûr, et jusqu’au dernier détail, la suite des événements humains. C’est bien ce savoir total qui nous regarde penser en quelque sorte, et se moque de nos projets. Qu’on l’appelle Dieu ou comme on voudra, il enferme toujours la notion d’un avenir tout fait et absolument immuable, qui s’avance vers nous comme un train qui, bien loin encore de ma vue et de mon ouïe, n’en roule pas moins. Et je dis que cette idée est métaphysique, parce qu’elle propose à notre esprit la totalité des choses et la totalité du savoir, notions qui se nient elles-mêmes comme la notion d’un nombre plus grand que tout nombre se nie elle-même. Et il faut reconnaître qu’il est bien fou de fonder toute sagesse sur une idée si évidemment confuse et insaisissable.
J’avoue que la thèse de la liberté humaine (ou aussi bien divine) abonde aussi en contradictions. Ontologiquement, comme on dit, elle n’est pas plus concevable que l’autre ; au reste je crois bien qu’ontologiquement, ou si l’on veut théologiquement, tout est impossible. Où loger la liberté ? Hors du monde, elle ne peut rien ; dans le monde et rouage dans le monde, elle dépend de tout. Au reste il est clair que la liberté ne peut être. La nature même de cette notion exclut qu’on la possède comme un organe. Et, pour abréger, je dirai que la doctrine de la liberté ne peut être qu’une mystique de la liberté ; mais attention, je l’oppose à une autre mystique, qui est la mystique du destin. C’est à choisir, et non pas à