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prend tout, c’est ce qui est représenté selon un mouvement épique, et par le moyen des métaphores politiques. Le plus grand des désirs, rassemblant l’armée des désirs, se saisit de la citadelle, enchaîne la raison, et la force à produire des opinions qui plaisent au maître. On ose à peine résumer cette peinture incomparable de la passion, et ensemble du gouvernement tyrannique. Les révolutions n’ont sans doute appris à personne la politique ; du moins elles devaient enseigner à beaucoup la connaissance des hommes et le prix de la sagesse. Au reste il est naturel que l’homme revienne de la société à soi, et de régler les autres à se régler soi. Cherchant donc dans La République notre propre image, nous avons à comprendre en quel sens un homme peut être dit aristocratique, timocratique, ploutocratique, démocratique, tyrannique. En ce sens, d’abord, qui est le plus extérieur, c’est que chacun de ces hommes est le citoyen de choix dans l’État politique qui le représente. Mais nous devons nous détourner de ce rapport extérieur, qui nous entraînerait à penser politiquement. Bien plu-