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nérale ; mais il y a loin d’une idée générale à une idée immuable et éternelle. Et il est hors de doute que ce n’est point du côté des généralités empiriques que Platon veut nous conduire. Mais aussi le terme dont se sert Aristote est de ceux qui tromperont longtemps l’apprenti ; car il ne dit pas que Socrate cherchait le général, mais exactement l’universel, le catholique comme nous disons, en traduisant littéralement un mot qui aura toujours deux sens, mais deux sens dont l’un est le principal. L’universel c’est ce qui vaut pour tout esprit. Par exemple le triangle est universel ; il n’est général que par conséquence. Et au contraire l’homme est une notion qui n’est que générale, et qui est bien loin d’être universelle, car chacun définira l’homme à sa manière, et selon sa propre expérience. Aussi ne pouvons-nous pas nous vanter d’avoir une idée de l’homme, ni du singe, ni du lion, ni du lit ; mais ce sont plutôt des abrégés commodes. Ainsi celui qui cherche le général peut fort bien manquer l’universel. En revanche celui qui cherche l’universel cherche aussi le général. Et