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que le discours seul peut saisir, jusqu’à ces simples, nues et vides fonctions, qui sont le secret de tant d’apparences et qui sont grosses de tant de créations ; jusqu’à cette pure logique, déserte aux sens, riche d’entendement ; admirable au cœur, puisque l’homme ne s’y soutient que par le seul souci du bien penser, sans autre gain. Mais le soleil ? C’est ce Bien lui-même, qui n’est point idée, qui est tellement au-dessus de l’idée, tellement plus précieux que l’idée ! Et de même que le soleil sensible non seulement fait que les choses sont vues, mais encore nourrit et fait croître toutes les choses et les fait être, de même le Bien, soleil de cet autre monde, n’est pas seulement ce qui fait que les idées sont connues, mais aussi ce qui les fait être. Et certes celui qui aura contemplé un peu les idées, s’il revient dans la caverne, saura déjà prédire à miracle ; on le nommera roi ; ce ne sera pourtant point un roi suffisant, parce qu’il n’aura pas contemplé le bien.

Ici s’élèvent des interprétations pieuses et belles, auxquelles il faut d’abord que l’on