Aller au contenu

Page:Alain - Propos sur le Bonheur (ed. 1928).djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
PROPOS SUR LE BONHEUR

un remède à l’ennui ; on expliquerait ainsi que ceux qui sont les plus disposés à accepter la guerre, sinon à la vouloir, sont souvent ceux qui ont le plus à perdre. La crainte de mourir est une pensée d’oisif, aussitôt effacée par une action pressante, si dangereuse qu’elle soit. Une bataille est sans doute une des circonstances où l’on pense le moins à la mort. D’où ce paradoxe : mieux on remplit sa vie, moins on craint de la perdre.

29 janvier 1909.