si l’on mime la douceur, la bienveillance et la joie ; ces mouvements, qui sont courbettes et sourires, ont cela de bon qu’ils rendent impossibles les mouvements opposés, de fureur, de défiance, de tristesse. C’est pourquoi la vie de société, les visites, les cérémonies et les fêtes sont toujours aimées ; c’est une occasion de mimer le bonheur ; et ce genre de comédie nous délivre certainement de la tragédie ; ce n’est pas peu.
L’attitude religieuse est utile à considérer pour le médecin ; car ce corps agenouillé, replié et détendu délivre les organes, et rend les fonctions vitales plus aisées, « Baisse la tête, fier Sicambre » ; on ne lui demande point de se guérir de colère et d’orgueil mais d’abord de se taire, de reposer ses yeux, et de se disposer selon la douceur ; par ce moyen tout le violent du caractère est effacé ; non pas à la longue ni pour toujours, car cela dépasse notre pouvoir, mais aussitôt et pour un moment. Les miracles de la religion ne sont point miracles.
Il est beau de voir comment un homme chasse une idée importune ; vous le voyez hausser les épaules et secouer sa poitrine, comme s’il démêlait ses muscles ; vous le voyez tourner la tête, de façon à se donner d’autres perceptions et d’autres rêveries ; jeter au loin ses soucis par un geste libre, et faire claquer ses doigts, ce qui est le commencement d’une danse. Si la harpe de David le prend à ce moment-là, réglant et tempérant ces gestes afin d’écarter toute fureur et toute impatience, le mélancolique se trouve aussitôt guéri.
J’aime le geste de la perplexité ; l’homme se gratte les cheveux derrière l’oreille ; or, cette ruse a pour