Aller au contenu

Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
SYSTÈME DES BEAUX-ARTS

toujours, mais comme témoin et non pas comme aide, puisque cent dessins ne commencent pas une statue.

Disons donc que la loi qui peut sauver les artistes, en tous ces arts décevants où l’œuvre semble faite dans le modèle, c’est qu’il faut arriver au portrait et à la ressemblance sans chercher l’un ni l’autre. Par exemple, il ne sert pas qu’une sculpture ressemble, si elle n’est sculpture d’abord. Et, pour tout dire en peu de mots, il y a bien des moyens d’attraper la ressemblance, et dont il faut que l’artiste fasse abandon pour toujours.

Par les mêmes causes, la description est l’épreuve de l’écrivain. Ainsi en aucun art l’invention n’est faite de portraits ; et, au contraire, le portrait n’est possible que par l’invention ; pour mieux dire, le portrait est l’invention la plus difficile, et qui doit venir la dernière. Enfin, comme il est vrai de tout objet, c’est par l’œuvre qu’on saisit l’homme. Cette idée ne cessera pas d’être éclaircie jusqu’au terme de ces études ; il fallait l’exprimer d’abord dans son tout. C’est, autant qu’on peut, l’exemple après la règle, comme il convient.