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CHAPITRE PREMIER

DES DANSES GUERRIÈRES

On n’a pas assez dit que les parades militaires agissent par la beauté d’abord sur ceux-mêmes qui manœuvrent et défilent. Il est clair que les mouvements bien réglés des masses, avec l’uniformité du costume, sont un des spectacles les plus émouvants. C’est la force humaine même, disciplinée et raisonnable, qui se montre dans ces évolutions. L’art du cavalier est compris dans ces danses, mais veut peut-être un développement propre. Toujours est-il que la vue de cet objet puissant et sage est propre à représenter la société humaine comme un objet sans passions ni désordre. Et il est vrai que la guerre n’est laide et brutale qu’en ceux qui la conduisent de loin. Elle ne tient et ne dure que par cette préparation esthétique ; et c’est par là qu’elle est admirée, encore plus quand les forces extérieures travaillent à rompre la liaison et l’ordre. Mais déjà dans le spectacle militaire, même loin de l’ennemi, les forces vaincues sont assez puissantes, assez présentes, assez viriles dans l’aspect et le costume pour que l’idée de la raison souveraine y apparaisse mieux qu’ailleurs. Toutefois, comme en toute œuvre, l’esprit est dedans, et l’artiste est le vrai spectateur.

L’expérience des actions violentes fait voir assez et