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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/71

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CHAPITRE VII

DE LA MODE

En dehors des circonstances de climat et de saison, la mode est soumise à des conditions extérieures, comme sont les inventions des marchands, la vanité des riches, l’imitation et la coutume ; et toutes ces causes réunies ne peuvent faire que la mode soit belle. Mais ces conditions, auxquelles personne n’échappe tout à fait, sont comme la matière de cet art de s’habiller, si étroitement lié à l’art de se présenter, de parler, de danser, de se poser et d’attendre. Et la mode, considérée de l’extérieur, s’étend aussi jusqu’à ces arts-là ; il y a une mode pour saluer, pour donner la main. Mais, comme il y a pourtant une raison de préférer la vraie majesté à la fausse, et la vraie politesse à la fausse, il y a aussi des causes principales qui font que la mode participe toujours à la beauté et l’exprime souvent. Déjà l’uniformité est belle, puisque tout mouvement lâché est étrange et en même temps laid. Celui qui s’écarte de l’ordinaire par le costume ne fait autre chose que multiplier, par cela seul, des signes qui ne signifient rien. Chacun a connu de ces entêtés qui résistent à la mode ; et il est clair que leur pensée est principalement occupée de l’effet qu’ils produisent, avec leurs chapeaux de l’autre siècle, soit qu’ils soient fiers d’at-