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Page:Alanic - Aime et tu renaitras.djvu/149

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AIME, ET TU RENAITRAS !

ou farouche, au joug de l’habitude. Les jours violents et angoissés, alternés d’épouvante et d’espoir, s’enchaînaient pour former des années. Hélène, prodiguant ses forces, son temps, son argent, son cœur aux infortunes de tous genres, ne se réservait plus le loisir de pleurer ses propres tristesses. Cependant, aux réalités terrifiantes, elle ne cessait d’entremêler le cher souvenir.

Un étrange sentiment s’insinuait en elle et l’humiliait devant les nouvelles veuves, portant haut la tête sous leurs voiles. À leur approche, instinctivement, Mme Guérard s’effaçait. Son deuil prématuré n’était plus exceptionnel. Chaque dimanche, les taches noires s’élargissaient dans la foule des fidèles. Hélène, avec une inquiète pudeur, contenait sa peine, en restreignait même les insignes extérieurs, comme si elle craignait, en attirant trop l’attention, d’amener les gens à comparer son malheur à d’autres désastres, pour le diminuer.

Et la jeune femme souffrait d’un regret jaloux. Ces sacrifices, qu’on déplorait, du moins n’avaient pas été stériles. La douleur de ces affligées s’ennoblissait de légitime fierté. Hélène, désespérément, enviait, pour son bien-aimé