Page:Alanic - L essor des colombes.djvu/18

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bateau de l’île de Ré… Tiens, l’Eva actuelle nous la représente parfaitement !

Mme Servain, facile aux pleurs, ne laissa pas échapper une pareille occasion de s’attendrir.

— Oui, j’avais des cheveux blonds, alors ! Et pas de rides ! gémit-elle, en tirant son mouchoir de sa poche.

En la voyant arborer ce signal de déluge, tout le monde frémit.

— Allons, maman, il n’y a pas lieu de pleurer ! N’attriste pas une date heureuse ! remontra Pauline toujours sensée.

— Tes cheveux sont bien plus jolis sous ce nuage d’argent ! assura Eva, frôlant d’une caresse les bandeaux de sa mère.

Geo, bien vite, en guise de consolation, appuyait le petit trèfle noir, servant de nez à Mousmé, sur le menton maternel.

— Tu est encore la plus belle de nous quatre, va, maman !

— Et d’ailleurs, serais-tu toute chenue, cassée et voûtée, que tu serais toujours la même pour moi ! attesta M. Servain avec l’accent d’une conviction inébranlable. N’avons-nous pas vieilli de concert ? Alors, qu’importe ! Le temps, en passant, ne nous fut pas trop dur ! Estimons-nous parmi les heureux, va !

— Oh ! pour cela, oui ! Je remercie Dieu et n’envie personne ! affirma Mme Servain, se ranimant