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Page:Alanic - L essor des colombes.djvu/22

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— On y rencontre toujours les mêmes visages ! persifla l’implacable Pauline. C’est joliment distrayant de changer d’horizon et de coudoyer d’autres gens !

— Ce qui signifie, repartit rageusement Gabriel, que vous serez satisfaite de vous délivrer de vos amis !

— Bon ! bon ! ne prenez pas au sérieux ces plaisanteries ! intervint M. Servain. Paulette sera comme nous, contente de partir, et enchantée, au retour, de retrouver ses habitudes et nos habitués.

La barbare Pauline ne daigna pas ratifier. Gabriel toujours hagard, les cheveux plus hérissés que jamais, éclata en brusques questions :

— Mais encore, peut-on savoir ? Où ? Quand ? Combien ?

— À Luchon, vraisemblablement, répondit M. Servain. L’endroit est délicieux, et j’y pourrais soigner ma gorge, irritée par de longues palabres chez les clients. Nous partirions dans cinq ou six jours. Et nous resterions tout le congé de Pauline, c’est-à-dire trois semaines.

— Très bien ! approuva Gabriel avec une douloureuse ironie. Et moi, que vais-je devenir pendant ce temps-là ?

— Vous ? répliqua Pauline, vous ne serez guère à plaindre. Tranquillement, vous jouirez du frais et de l’ombre, dans votre magasin de la rue du Palais. Et vous vendrez force kodaks, lorgnettes et binocles aux touristes qui se promèneront sous les porches.