Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/142

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retard du train, la vigilance de la garde-barrière s’était relâchée. Une partie du joyeux défilé du rallye put franchir la voie. La femme, prise de peur en entendant le sifflet, poussa les portes, coupant ainsi en deux le brillant escadron. Mme Marcenat, impatiente, grisée par la poursuite, excellente écuyère d’ailleurs, se crut le temps de sauter l’obstacle et enleva son cheval. Mais sa monture, effrayée par les cris de la garde, par les mugissements de la machine, manqua l’élan au second portillon. L’amazone, désarçonnée, alla se briser la tempe sur les rails.

— Un petit trou, un filet de sang. Rien de plus ! Et c’était fini !

Cet épisode tragique, digne d’une fresque macabre du Campo-Santo, ébranla violemment l’imagination de l’artiste et impressionna tous ceux qui avaient connu cette créature rieuse et légère, pour qui la mort semblait vraiment nécessité trop dure.

Un murmure compatissant courait le long du cortège des obsèques, à Marigny et à Poitiers, où le corps fut ramené.

— Pauvre Odette ! soupiraient les amies de Mme Marcenat. Qui l’eût prévu ! C’est affreux !

Un philosophe mondain calma ce chœur gémissant.

— Après tout, allégua-t-il en rajustant son mo-