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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/152

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Un jour qu’ils suivaient tous à la file la berge de la rivière, Adrien s’arrêta pour cueillir, sur le talus, quelques bruyères fines et blanches qu’il offrit à Monique.

Estelle ressentit comme un coup de lance en plein cœur. C’était à cet endroit même qu’elle avait entendu les aveux passionnés de Renaud et chancelé dans l’extase foudroyante d’un baiser.

Ce jour, elle n’en put supporter davantage. Et bien que le goûter attendît les promeneurs, sous la charmille de la cure, Mlle Gerfaux se déroba à l’invitation du pasteur. Un mal de tête, occasionné par la chaleur, le soleil, lui servit de prétexte pour s’esquiver et rentrer dans sa chambre.

Elle eut tout le loisir d’y pleurer à l’aise. Plusieurs heures s’écoulèrent avant que son frère revînt. Il faisait nuit. Estelle avait négligé d’allumer la lampe. Mais la voix d’Adrien, surélevée, éclatante, lui révéla immédiatement ce qui était arrivé.

— Ah ! chère, chère amie ! Si tu savais !

Assis devant elle, il lui saisit les mains, y cacha son front chaud, ses yeux humides. Sa joie, son étonnement, son orgueil débordaient en paroles pressées. C’en était fait ! Dans le jardin du presbytère, entre les ruches et la tonnelle, trois petits mots avaient été murmurés. Trois mots inouïs