Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/16

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cuivre, enveloppée de tarlatane, qui ne devait se rallumer qu’en septembre, et s’envola en hâte chercher ailleurs du soleil et des fleurs.

Et la jeune fille envia l’abeille, comme elle enviait les libres martinets qui s’élançaient, en courses folles, du chevet formidable de la cathédrale au clocher de Sainte-Radegonde, adorné d’une couronne. Oh ! s’envoler loin de ce logis sans horizon, de cette rue maussade, de ces vieilles gens sans bonté, qui décourageaient la gratitude et le dévouement !

Retrouver le grand air, la joie d’être soi, l’activité généreuse !

Estelle discutait en elle-même la tentation. Un rêve captait sa pensée : rejoindre à Paris son frère Adrien, qui luttait là-bas, seul et débile ; le seconder, travailler avec lui et pour lui, revivifiée au contact d’une amitié vraie, d’un cœur chaud et enthousiaste. Mais la crainte de surcharger l’existence du jeune artiste, déjà si compliquée, arrêtait son désir.

Quelle issue chercher à cette vie nostalgique où, lentement, Estelle se sentait s’atrophier ? Elle le savait : elle ne pourrait, sans susciter la critique et les reproches, se soustraire à la mainmise appesantie sur elle. L’oncle et la tante Busset, aux yeux du monde, s’étaient acquis des droits à la