Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/186

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Estelle redressa sa longue taille souple, avec cette dignité pleine de modestie et de pudeur qu’il aimait en elle.

— Adrien est mon meilleur ami. Et le premier, il recevra ma confidence, dès que vous le permettrez… Mais je ne dépends que de ma conscience. J’ai voulu venir vers vous de mon propre mouvement. Je n’avais point besoin de conseils étrangers pour sentir qu’il était bien de suivre l’impulsion qui me conduisait à vous.

Elle le vit fléchir, vaincu. Presque courbé en deux, il pressa son front contre la main qu’il tenait toujours prisonnière, la main, pieuse et attentive, qui se donnait à lui. À travers le gant de suède mince, Estelle percevait la brûlure de la tempe fiévreuse où battait tumultueusement l’artère. Et une grande pitié l’attendrit, devant cette détresse et ce muet abandon.

Cependant les contingences oubliées se rappelèrent à eux. Des voix s’élevaient dans le vestibule. M. Marcenat releva lentement la tête, l’air absent comme un homme qui s’éveille d’un long sommeil. Ses traits étaient gonflés et ses paupières rouges. Il prêta l’oreille au bruit venu jusqu’au salon.

— Des clients qui s’impatientent et me réclament. Je vais donner ordre de les renvoyer.