Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme Busset resta abasourdie, les yeux écarquillés, comme si, par un phénomène inexplicable, une personne inconnue s’était substituée à sa jeune parente. Avant qu’elle eût repris le souffle nécessaire pour fulminer son blâme, le maître du logis écartait la portière de velours de Gênes.

— Suis-je indiscret en venant m’enquérir des nouvelles reçues ? dit M. Marcenat.

L’attitude de défi où se raidissait Estelle fléchit aussitôt. Et, laissant parler simplement son émoi, la jeune fille exposa la situation inquiétante de son frère, les dangers encourus, le traitement prescrit… La campagne, le calme, le repos… Comment se procurer cela ?

M. Marcenat eut un coup d’œil vers Mme Busset.

— La belle saison commence. Une installation aux champs ou sur le bord de la mer ne vous séduirait-elle pas ?

La figure poupine, rayée comme une porcelaine qui s’écaille, détourna ses petits yeux obliques.

— Nous ne possédons pas de maison de campagne ! proféra sèchement la vieille dame. Et la mer nous est défendue, à M. Busset comme à moi. Mais la rue de la Psallette-Sainte-Radegonde est assez tranquille et assez aérée pour que les mauvaises fièvres, prises à Paris, y guérissent.

L’avocat comprit le sourire navré d’Estelle. Le