Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/320

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heur, j’ai désiré m’assurer votre dévouement. Mais exiger de vous le sacrifice de votre liberté fut un acte arbitraire et abusif. Je ne devais pas attirer dans ma destinée mélancolique votre jeunesse qui eût pu s’épanouir dans une vie plus heureuse.

— Plus heureuse ! se récria Estelle, dans une révolte qui la fit frémir tout entière. Plus heureuse ! Mais je m’estime heureuse plus que personne au monde ! Je croyais mon bonheur parfait, puisque je pensais que vous le partagiez. Et vous ne sentiez pas cette félicité dans sa plénitude, vous, ô Vincent !

Sa voix se déchira dans un sanglot. M. Marcenat reçut en plein cœur cette protestation véhémente. Mais, dur à lui-même, il se roidit pour aller jusqu’au bout de l’aveu qu’il s’imposait.

— Je ne parle pas pour moi, Estelle. Vous m’avez comblé. Et votre présence me donne encore plus de joie que la lumière. Votre délicatesse et votre grâce n’ont jamais laissé paraître, en se dépensant pour moi, l’effort et la lassitude. Mais il est, pour une femme, d’autres bonheurs que le dévouement. Et sans mon intervention, vous eussiez pu trouver celui qui s’appelle « amour ».

Encore une fois, ses yeux cherchèrent l’allée où la silhouette fuyarde s’était perdue. Alors Estelle, anxieusement attentive, comprit tout à