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Aux Femmes


Ô femme, est-il donc vrai que ton charme nous tue
Et que ton dernier mot soit l’oubli dédaigneux ?
Tu te plains d’être esclave, implacable statue !
Non ! tu règnes toujours et ton règne est affreux.

Monstre, on te soupçonnait d’être moins misérable,
Mais on t’a trop chantée en des vers incompris :
L’homme est à tes genoux et te nomme adorable ;
Mais souvent son amour finit par le mépris.

Jeune encor, il t’appelle et te livre sa vie :
À peine t’aime-t-il, que tu trahis sa foi ;
Mais ton volage amour lassera son envie.
L’homme apprend à mentir pour se venger de toi.

Tu lui fais plus de mal qu’il n’a rêvé d’ivresse ;
Il guérira peut-être au prix de sa douleur,
Et tu ne seras plus qu’un songe de jeunesse,
Quand l’homme aura brisé ton piédestal vainqueur.