Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/144

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seulement de quelques paquets de plumes d’oie, oiseau qu’en reconnaissance, ils eussent bien certainement consacré à Minerve, de préférence à la chouette, attendu que si l’animal est bête, il se réhabilite par l’utilité de ses plumes ; des billes, des balles élastiques, des toupies et enfin de tout ce qui compose, en fait de plaisirs matériels, le bagage, les meubles et ustensiles du collégien.

Revenons à notre héros de loge, à notre concierge principal. Il est le plus ordinairement célibataire. Il a pour société sa grande canne de jonc, vieux meuble de famille, une pipe culottée, ouvrage d’un certain nombre d’années, sa tabatière ronde, qu’on pourrait prendre pour une poulie, et un superbe chat de grenier, qui ne manque jamais de frotter ses flancs sur les jambes du collégien et de laisser, à l’époque de la mue, une partie de son poil sur son pantalon bleu, quand un motif quelconque l’amène dans la loge du concierge, où il ne serait pas fâché de se glisser en fraude assez souvent pour causer avec lui, entre une traduction et un thème, autrement qu’en latin et en grec, ces deux langues que le collégien dit avoir été inventées par le diable et que le collégien, devenu homme, dit avoir été inventées, la première, par la plus profonde énergie, la seconde, par la plus pure, la plus douce harmonie.

Le père Roger, que quelques élèves du collége appellent Roger-Bontems, à cause de sa bonne humeur avec eux, est le plus heureux des hommes quand il peut tenir quelques