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DU COLLÈGE.

La grosse Madeleine apparaissant ayant déjà des préparatifs en main, dit : « Soyez tranquille, madame, tout sera parfaitement bien… j’en réponds… »

Cuisinières et cuisiniers ne disent jamais autrement.

Le jeune Édouard écoutait ces paroles avec une attention plus soutenue que celle que l’on apporte quand le professeur est en chaire ; et cela se comprend : il comparait en ce moment le régime de la maison paternelle avec celui du collège, et tout à coup il s’écria :

« Mais, est-ce que les filets de bœuf et les crèmes au chocolat seraient incompatibles avec Homère et Virgile ?

« Ah ! mon père, on ne me persuadera jamais cela. Pour mon compte, je suis sûr que les uns feraient trouver les autres excellents. »

Et chacun de rire !

Sur ce, l’on part. À cinq heures on est rentré, à six heures les convives étaient arrivés, et l’on est dans la salle à manger.

« Mais comme tu es pensif ! dit Estelle à son frère.

« C’est mon dernier bon repas, disait le collégien ; demain le classique haricot reprendra son empire, et nous allons redevenir sa proie. »