Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/85

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fournisseurs de colléges ne se ruinent pas à vous nourrir. Nous en connaissons un, le sieur D***, qui jouit aujourd’hui d’une belle et grande fortune, et qui vous la doit. Parbleu ! nous le croyons bien : il vous a nourris pendant plus de sept ans !

Et puis nous joindrons à cet aliment solide, très-solide même, et qui met vos dents à l’épreuve, le haricot… pas celui de Soissons, vous crieriez au miracle, mais celui de Picardie, et de deux ans, les nouveaux sont trop verts. Et les pois, et les lentilles, qui, avec les haricots, sont devenus chez vous aussi classiques que vos livres d’études !

Haricots, lentilles et pois sont identifiés avec le collége et surtout avec la personne de monsieur l’économe, qui, d’accord avec monsieur le proviseur, exige du pion qu’il les trouve toujours bons, très-bons, excellents, parfaitement accommodés, et qu’il en mange beaucoup, au risque de l’obésité, comme preuve à l’appui de l’éloge. Voilà, voilà ce qui s’appelle entendre l’administration intérieure !

Mais les aventures auxquelles ces bons légumes donnent lieu en compensent un peu la monotonie. Un jour on donne des lentilles ; le majordome du collège n’avait pas, ce jour-là, mis ses lunettes, il faut le croire. On sert un collégien. Voilà qu’avec les lentilles, la grande cuiller amène… Devinez quoi ? Une souris qui avait cuit en compagnie des légumes. Aussitôt, celui qui en était devenu propriétaire la prend par la queue avec le pouce et l’index ; puis, levant le bras bien