commun, peines et plaisirs : les pensums sont partagés comme les confitures.
Tous les collégiens d’un même collège sont camarades, et
ce titre se conserve longtemps encore après qu’on en est
sorti. Mais il y a entre le camarade et
le copain une différence très-sensible :
avec son camarade, on joue aux barres,
à saute-mouton et à tous les
jeux enfin auxquels se livre le collégien ;
avec son copain on cause dans
l’intimité la plus parfaite ; une récréation
ne s’ouvre jamais sans que deux
copains fassent dans la cour plusieurs
tours de promenade enlacés l’un à
l’autre ; et au milieu de la foule, des
jeux, des cris, du bruit incessant, ils
sont complètement seuls, rien ne les
détourne de leur conversation. Quand l’un parle, l’autre est
tout oreilles pour l’entendre, tout yeux pour le regarder,
et c’est alors qu’il y a dans ces deux physionomies un bonheur
candide, natif ; le cœur de chacun se peint dans ses
yeux ; c’est un tableau saisissant digne de la palette d’un
peintre.
Le copain, par ce seul fait qu’il aime, est bon par nature, mais il ne faut pas que l’on touche à ses affections, à son lui-même ; il est sur ce point aussi susceptible, aussi cha-