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DU COLLÈGE.

saut, il croit avoir le cauchemar, et il est prêt à s’écrier : Quos ego ! Mais enfin ses yeux se dessillent, et il reconnaît dans son lit le chat du concierge ; oui, le chat du concierge qui n’en veut pas démarrer. Le pion, à peine remis de son effroi, saute en bas du lit. « Messieurs, dit-il, qui donc a eu l’audace d’introduire un chat ici ? Le proviseur en sera instruit, et la punition la plus sévère, le renvoi… » Mais notre homme parlait tout seul. Non, non, le chat continuait de miauler comme de plus belle… Enfin, le pion n’y tenant plus, fatigué de parler dans le désert, fait un tapage d’enfer, il va à chaque lit ; mais comme chacun dormait de bon aloi, ou feignait de dormir, selon qu’il était ou non au courant, ce pauvre pion n’avait pour toute réponse à ses interpellations que ces mots : « Monsieur, quoi donc, me lever ? le tambour… je ne l’ai pas entendu… — Non, non, le chat… — Qu’est-ce qui a fait entrer le chat. — Vous avez rêvé chat ? — Je n’ai pas rêvé chat… » Enfin, l’un par l’autre, chaque élève est réveillé. Presque tous se lèvent, quelques-uns approchent du lit du pion, qui s’écrie en montrant le chat : « Mais voyez ce maudit animal, où veut-il en venir… — Ah ! tenez, tenez, regardez donc, monsieur, il se roule principalement sur un petit sac… — Oh ! monsieur, il y a de la sorcellerie là-dedans. — Voyez, voyez donc ! » — Le pion saisit le sachet, l’ouvre, et y trouve, quoi donc ? De la poudre de valériane ; et, comme il avait été apprenti apothicaire en province, il se souvint que cette substance rend les chats amou-