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Page:Albert Le Roy - Le Gallicanisme au XVIIIe siècle 1700-1715, 1892.djvu/418

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390 LA FRANCE ET ROME DE 1700 A 1715

dans une sacristie, entre la boîte à encens, les surplis elles cierges. Tandis que l’école de Port-Royal accuse les jésuites d’hypocrisie et de complot, ceuxci chargent leurs adversaires d’un rigorisme outré, presque inhumain, et d’une indépendance reh’gieuse qui frise Thérésie. Non contents d’avoir déféré les Réflexions morales au Saint Office, ils lancent contre l’ouvrage les grammairiens de la société, et, dans un libelle bizarre et pédant, le P. Quesnel à l’Académie, ils cherchent à convaincre l’écrivain janséniste d’un double crime : d’avoir tout ensemble oflFensé le pape et Vaugelas, l’Évangile et la grammaire . Il semble que Vadius ou Trissotin ait tenu la plume.

Pour peu qu’on forçât le côté mesquin de cette querelle de mots et de personnes qui se superpose à la grande contention d’idées soulevée par Port-Royal, on atteindrait les limites du ridicule, qui confine souvent aux profondeurs creuses de la théologie scolastique. De la métaphysique au galimatias il n y a qu’un pas, et de là à l’absurde un autre pas à franchir. Les théologiens, en leurs disputes, s’entr’aident à faire le saut, et volontiers nous traîneraient derrière eux, comme moutons de Panurge. Mais ce ne sont que les diflFormités grotesques et comme les verrues de l’histoire. On les note au passage et l’on va plus loin chercher ce qui importe vraiment et ce qui dure : les leçons morales, les traits de mœurs caractéristiques, que recèlent les faits sociaux. Ici, ce qu’il convient de retenir et d’éclairer, c’est le conflit engagé entre deux forces inégales d’intensité et de vertu : d’une part, le christianisme sublime et intérieur, éclos à Port-Royal ; de l’autre, le catholicisme politique et mondain, épanoui à Rome. Mis aux prises, ils vont batailler durant un demi-siècle