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LA PATRIE EN DANGER

Révolution et qui, aux termes de la Constitution, devait être régent si Louis XVI était déposé, gardait des partisans, comme le marquis de Sillery, qui prit sa défense aux Jacobins, le 4 juin. Il avait manqué le trône après Varennes parce que les Feuillants s’étaient prononcés contre lui, le trouvant trop engagé avec les démocrates cordeliers, mais il n’avait pas renoncé à ses droits. Il se rappela justement à l’attention publique par une lettre où il dénonçait à l’Assemblée le refus du maréchal Luckner de l’admettre dans son armée à titre de volontaire et le refus du roi de l’employer dans la marine avec son grade d’amiral. Si on songe que c’était par ordre de Louis XVI que le maréchal Luckner avait écarté le duc de son armée où il avait servi un moment avec ses enfants, on peut penser que Louis XVI prenait au sérieux le prétendant orléaniste. Mais celui-ci était tellement discrédité dans les cercles populaires eux-mêmes que ses chances de prendre la régence paraissaient bien minimes. Après le 10 août, il parviendra à se faire nommer député à la Convention par la ville de Paris, le dernier de la liste, avec l’appui des Dantonistes, mais contre l’avis de Robespierre qui avait déjà mis en garde les Jacobins, le 4 juin, contre le discours apologétique de Sillery.

Les patriotes étaient tous d’accord sur la nécessité de supprimer le veto. La plupart ne croyaient la chose possible qu’en suspendant le roi pendant la durée de la guerre. Ceux qui répugnaient à confier la régence au duc d’Orléans découvrirent dans la Constitution une autre solution qui leur convenait davantage. Faute de princes ayant prêté le serment civique, la régence, aux termes de la Constitution, devenait élective et était décernée