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DE LA PEINTURE

mais bien en peintre. Effectivement, les mathématiciens considèrent en esprit les apparences et les formes des choses, abstraction faite de toute substance ; mais nous, vraiment, qui voulons que l’objet nous tombe sous la vue, nous aurons soin, en écrivant, d’employer, comme on dit, une plus grasse Minerve. Et nous penserons avoir bien fait, si à la lecture les peintres comprennent entièrement cette matière, difficile assurément, et dont personne, que je sache, n’a jusqu’à présent rien écrit. Je prie donc qu’on ne considère pas cette œuvre comme celle d’un mathématicien, mais bien d’un peintre.

Pourtant, il importe de savoir premièrement que le point est, à proprement parler, un signe qui ne se peut diviser en parties. Ici, j’appelle signe toute portion de superficie saisissable à l’œil ; attendu que ce qui ne se peut saisir par l’œil n’a absolument rien à faire avec le peintre : car celui-ci ne s’applique à imiter que les choses qui se voient sous la lumière.

Mais si les points se placent sans interruption l’un après l’autre, ils déterminent une ligne. La ligne, selon nous, sera un signe dont la longueur pourra se diviser en parties, et si mince, cependant, que jamais on ne la pourra fendre. La ligne droite est un signe tiré directement d’un point à un autre ; la ligne courbe sera celle qui, n’étant pas tirée directement d’un point à un autre, formera une sinuosité. Plusieurs lignes réunies ensemble, comme les fils d’une toile, détermineront une superficie. En effet, la superficie est cette extrême partie d’un corps