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PROLOGUE.

aux principes, persuadés que, pour aller loin, l’essentiel est de bien partir.

Aujourd’hui on est plus compliqué, et l’emploi des termes métaphysiques donne de l’importance à l’enseignement. Tel point insignifiant de l’art fournit parfois matière à des volumes. En vérité, il faut, comme dit Molière, que les gens de ce pays-ci soient de grands babillards.

En ce temps d’esthétique, chacun semble prendre l’art pour le pré communal où de droit peut paître sa bête. Dans une langue remarquable, mais qui pour nous, simples artistes, n’est souvent que du haut allemand, des esprits très-déliés, érudits, faconds, aptes, comme les avocats, à tout aborder grâce à l’éloquence, sautent tout bottés sur la critique artistique, et les voilà partis. En les voyant, si braves, mener sans broncher leur galop à travers les hautes futaies de la théorie, il n’est si petit écolier, transfuge de rhétorique, qui ne se croie le droit de s’intituler critique d’art et le caractère suffisant pour exercer ce sacerdoce. Alors qu’il va trottinant doucement sur le bidet de sa métaphysique, distribuant palmes et férules, hélas ! combien encore le suivent à califourchon sur un bâton et remplissent de bruit les gazettes ! Qu’est-ce à dire ? Suivant la vieille locution gauloise, l’école a-t-elle couché